Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET
BALADE EN TERRE GIRONDINE
Septembre 2013
Le non passage du Bac
Cette balade là, cela faisait longtemps que Bernard la préparait. Le bougre s’y était pris au jeu, tant par passion que par amour du bel ouvrage. Il faut dire qu’il avait mis un point d’honneur à relever le défi lancé par l’étoile de Martin, association pour laquelle nous avons marché tout autour du Médoc pendant plus de 200Km.
Une longue préparation, faite de contacts, de re-contacts pressentis à l’aide de liaisons multiples grâce à un réseau multiforme et fidèle.
Tout était prévu, même l’imprévu comme le non passage du Bac de la Gironde pour cause de grève des marins d’eau saumâtre en charge du transbordeur.
Faut vous dire que j’avais avec grand soin et de longue date, préparé le Mulet Mario, (celui dont les aventures sont relatées dans le blog « rando mulet ») à cette épreuve normalement réservée à de jeunes gens à peine sortis de l’adolescence et dont l’entrainement avait été longuement fourbi par de laborieuses années d’étude au sein des écoles de la nation.
Faut vous dire que Mario le mulet âgé de seulement 13 ans, mais âgé tout de même de 13 ans, était tout fier de passer le bac ; non pas le bac littéraire ou agricole, mais le Bac fluvial. Pour un mulet normalement constitué, cela est une véritable gageure (prononcer : gajure, comme un pari) que de passer le bac. Et pourtant !depuis des mois, nous marchions en déséquilibre sur des planches posées sur un tronc d’arbre. J’avais même confectionné une grande affiche « A 13 ANS, IL PASSE LE BAC ». L’avant veille du départ, j’évitais de transmettre mon trac à mon poulain, je veux dire à mon mulet, afin qu’il se concentre totalement sur son épreuve pratique.
Nous passions une demi-journée à la confection de bottes antidérapantes tirées d’une chambre à air de roue de tracteur donnée par mon copain Maxence, puis ce fut la séance d’essayage avec défilé de mode sur la route de Basfer ,lieu dit de la commune de Mareuil- sur- Cher. Mario fut brillantissime et sut d’emblée marcher en tortillant sa croupe de gauche à droite à la manière de nos plus beaux mannequins. Je me hasarde à dire mannequine, mais ma concierge me conseille d’écrire Top-model. Ce défilé de haute couture, j’en conviens, ne fut pas expérimenté sur un bateau en mouvement, mais je savais que cela marcherait (un pas devant l’autre) .A ce propos, je proposerais bien volontiers à Jean Paul, Karl ou Christian d’émouvoir leurs défilés de top-modèl sur un Bac Girondin en service régulier. Y aurait du tangage avec les talons aiguilles !mais les tops seraient-elles alors avantagées par le roulis ?
carrelet en gironde
C’est ainsi que le 10 septembre, Mario, (celui de rando-mulet) ne passa pas le bac, faute d’examinateurs. De Blaye où nous fûmes reçus en grande pompe et avec petits fours par monsieur le Maire, nous nous sommes rendus de l’autre côté de la Gironde par la route pour arriver à Lamarque via bordeaux.
Quand je dis NOUS ? Il s’agit bien sur de Mario, de Bernard le vigneron de Pessac-Léognan, mais aussi de Bernard le régional et de Yolande, lesquels nous accompagneront durant toute la randonnée solidaire jusqu’au palais Rohan siège de la mairie de Bordeaux. Cette marche fut agrémentée par l’aide logistique de Françoise qui tout le long du périple nous accompagna avec son automobile pour pourvoir à presque tous nos désirs.
Pour une fois, cette rando-mulet sous les couleurs de l’étoile de Martin ne fut pas solitaire, puisque tout le long du parcours
nombreux sont les parents et amis des amis qui nous rejoindront. C’est ainsi qu’à Blaye, nous avons eu la visite du vicaire épiscopal, d’un ancien éducateur du Val Mandé manifestant avec
les cégétistes contre la réforme des retraites, de Viviane et Bernard, sans compter les journalistes des journaux locaux et
régionaux.
citadelle de Blaye
La veille de ce non passage du bac, Gaby et Denis nous attendaient pour nous faire vivre une soirée inoubliable arrosée comme il se doit par les meilleurs crus de la propriété .cette « mise en jambe »nous donna un aperçu de ce qui nous attendait…
Sens des valeurs, valeurs du sens.
A travers mes différents périples, j’ai rencontré beaucoup de randonneurs, souvent en groupe, en escouade qui pratiquent la marche hebdomadaire sous la houlette d’un club. Je vois à leur mine ravie que cette discipline leur permet de se maintenir en forme tout en gardant ce lien social si nécessaire en nos jours.
Marcher pour les autres, pour une juste cause, réactive en soi une force que l’on se plait de découvrir à chaque pas. Plus la distance est longue, plus l’enchantement se révèle et nous accompagne dans l’accomplissement de l’action. Le marcheur « solidaire », j’en ai fait l’expérience, transcende la fatigue ou la lassitude car il se donne en gage : ce qui est la définition même de l’engagement.
Si de plus, comme ce fut le cas dans ce périple Aquitain, on partage cette vision commune avec amitié et fraternité, on découvre là un bonheur collectif, (aujourd’hui on dit partagé) que l’on transmet dans l’action pour laquelle nous sommes mobilisés. Aujourd’hui, c’est bien pour soutenir la recherche sur les cancers de l’enfant, avec l’association « étoile de Martin », que nous marchons. Notre petit groupe est conscient de sa mission et, je le crois très fier de cheminer pour cette cause.
Dans mes chemins de réflexion, je me reproche souvent de mettre mon plaisir de marcher avec le mulet au profit d’une belle cause pour
en retirer parfois une satisfaction intérieure supplémentaire, pour ne pas négliger un regard d’admiration des gens que l’on croise. C’est, me semble-t-il le ressenti d’un sentiment s’apparentant
à la flatterie de l’égo. Je me dis qu’il y a du vrai dans ces réflexions et que tout cela contribue à la fois au maintien du bien être personnel et à la poursuite de l’équilibre de la vie.
Inutile de se cacher derrière des discours rationalistes en usant d’une casuistique à la mode chez nos très chers politiques par exemple. Oui, je ressens du plaisir lorsque je chemine pour une bonne cause, et ce n’est pas un plaisir honteux que de sentir le regard curieux ou envieux de ceux que l’on croise. Par dérision, je peux alors dire sur le ton de l’humour à ceux qui photographient notre équipage : « il n’y en a que pour le mulet !il n’y en a que pour Mario !c’est toujours lui qui vous intéresse, et moi ? Je compte pour du beurre, counting for nothing ! » En fait, je sais que je retire beaucoup de ces interpellations : elles donnent du baume.
Marcher en solitaire pour une cause solidaire me permet aussi de me regarder, d’avoir le temps de faire vagabonder ma pensée sans la brider, de la laisser aller vers ci ou ça et de revenir sur une idée, en oubliant la précédente pour y retourner sans avoir terminé ma rêverie. Dans ces moments de grâce, je suis bien loin de la doctrine des clubs de randonneurs pédestres de quartier, lesquels ne peuvent marcher qu’en groupe pour favoriser le lien social des séniors en contribuant aussi au maintien de leur forme physique.
Autour des châteaux du Médoc
chateau Beychevelle
Cela a commencé après la visite de Fort Médoc, un des 3 verrous de l’estuaire, en une escale de bon aloi au château Micalet tenu par
Dominique Fedieu maire de la commune de Cussac. Pour cette soirée offerte au gite du château, Guillaume et Gérard sont venus nous rejoindre. Le lendemain, Danielle venue de Bordeaux en
covoiturage a fait l’étape avec nous .Elle repartira en autocar dans la soirée depuis le village de Bages .Entre temps nous sommes passés non loin du château Lanessan, où nous avons croisé Thomas
qui tenait à nous encourager. devant Pauillac
Puis souhaitant pique niquer au bord de la gironde, nous avons rêvé dans le jardin du château Beychevelle, en nous souvenant du duc d’Epernon, amiral de France, gouverneur de Guyenne et mignon du roi Henri III qui fut l’un des propriétaires du château. On dit que son pouvoir était tel que les bateaux qui passaient devant le château devait baisser les voiles en signe d’allégeance. Baisser les voiles est devenu Beychevelle.
Ce fut également l’occasion de nous remémorer avec Bernard notre rencontre avec Aymar Achille Fould .Il y a déjà longtemps, alors que nous étions mômes, et que nous revenions en stop du Pin sec ou de Montalivet je ne sais plus, celui-ci s’arrêtait et nous invitait à monter dans sa belle auto pour nous conduire jusqu’à Vertheuil où nous logions alors. Nous étions ravis de l’aubaine, mais un peu confus lorsqu’il nous demanda :
-savez-vous qui je suis ?
Nous l’ignorions.
-je suis votre député et connaît bien votre pays .
Rentré très rapidement à la maison, nous étions bien fiers de relater cet épisode à notre famille.
Ducru Beaucaillou, Gloria, les Léoville : Barton, Poyferré et Las cases, La Bridane, et tant d’autres sur la commune de Saint Julien, puis ce sont les Pauillac du sud de la commune.
Nous arrivons en milieu d’après midi au village de Bages accueillis par Céline de Labrousse , fringante chargée de communication de la
maison Lynch Bages ,avant de déguster un merveilleux apéritif déniché par le maitre des lieux en sa cave personnelle.
hotellerie Cordeillan-Bages
Jean Michel Cases restera un long moment avec nous, et le crépuscule arrivant, nous prenons nos quartiers à Cordeillan Bages, belle chartreuse de pierres blondes du XVII° siècle abritant un hôtel restaurant aux multiples étoiles. Le cadeau est de taille et nous apprécions avec bonheur ce geste généreux. Le soir pour compléter le rêve, le repas nous est offert par Guillaume alors que les vins sont servis au nom du patron.
Soirée exceptionnelle dont nous nous souviendrons longtemps. Pendant ce temps, Mario se repose tranquillement dans un petit enclos fourni par le grand chambellan de l’hôtel, Patrick dit schmoll en raison de sa vénération pour le chanteur Eddy.
Après cette luxueuse soirée, il était nécessaire de retrouver l’ascèse des randonneurs qui marchent léger pour poursuivre leur chemin
du lendemain vers
Vertheuil.
abbatiale de Vertheuil et chateau Cos d'estournel
De nouveau, de grands crus s’affichaient au gré des kilomètres : Cos d’Estournel avec ses toits chinois, les châteaux : Crocq, La rose Brana, Victoria, Cos Laborie et bien sûr, Haut- Marbuzet où nous sommes attendus par Bruno Duboscq le fils de la maison. Halte chaleureuse sous la tonnelle malgré la pluie, et souvenirs résurgents de Charles- Maurice de Talleyrand Périgord dont Henri Duboscq reste l’un des meilleurs exégètes contemporains.
Michel nous a rejoint bien avant Vertheuil, ce qui nous permis d’évoquer sur le tas les meilleurs moments de notre prime jeunesse, en particulier cette folle évasion en vélo dans la côte du moulin , ou les premiers films projetés sur grand écran dans la salle paroissiale par le curé D’Havé…Combien de souvenirs…combien d’images fugaces qui me transportent cinquante ans en arrière .
-La rencontre avec les enfants dans notre ancienne école,
- le verre de l’amitié organisé, à l’abbaye refuge de notre enfance, par notre ancien camarade Rémy Jarris devenu monsieur le maire,
-l’hébergement dans la maison d’hôtes installée dans l’ancienne Boulangerie Martin,
-le porche du château où habitaient naguère les Danten,
-l’ancienne boucherie Pigout,
-l’abbatiale romane,
-et combien d’autres choses enfouies…
Après cette halte incontournable nous sommes passés à Cissac pour rendre visite à Vincent Fabre propriétaire du château Lamothe et président de l’association du marathon du Médoc pour lui soumettre une requête de subvention en faveur de l’étoile de Martin : le dossier suit son cours !
Et ce fut Margaux, avec ses crus prestigieux, où un autre Monsieur Martin propriétaire du château Baraillots offrit l’hospitalité à notre Mario tandis que nous étions hébergés par Tony dans les communs du château Ritz -Züger.
Comme tous les jours, nombreux sont les parents ou amis qui viennent accompagner le noyau du petit groupe. Ce jour là, Benoît, Arnaud et Françoise se joignent aux Naudon pour participer à l’aventure
Et le Mulet Mario dans tout ça !
Durant tout ce périple, Mario s’est montré très vaillant, volontaire, souple dans son caractère et agréable à conduire faisant l’admiration de tous. Jusqu’au bout des voyages de Septembre, (girondins et de Compostelle) ses fers ont tenu, bien que les chemins ne soient pas toujours sableux ou herbeux .Souvent, pour économiser la ferrure j’imposais au mulet une marche sur les bas cotés de la route. Durant ces 400 km et malgré le paquetage installé sur son bât, il ne fut blessé si ce n’est une légère éraflure au niveau de l’épaule gauche, due à un mauvais positionnement de la bricole lors des dernières étapes Gersoises.
Avec un mulet, il faut toujours garder sa vigilance car il peut être surpris par un rien et prendre alors une attitude pouvant dégénérer en catastrophe. Il en est ainsi par exemple à l’entrée du bois de Bordeaux de ces jeunes joggeuses bardées de maillots fluos débouchant en silence sur le coté du mulet .Personne ne les a vues et entendues. Elles déboulent avec leur couleurs vives au niveau du museau du mulet, lequel prend peur, fait un saut en avant et engage un bref galop retenu à temps par le licol. Bernard est fortement bousculé et tombe à terre, se blesse à la tête et à l’épaule. Dans le même temps, je suis heurté violemment par l’hackamore : une estafilade sur le nez m’accompagnera le reste du voyage : une façon comme une autre de sentir les choses !
Nous avons dû presser le pas après avoir copieusement « embiscané » ces pauvres drôlesses en goguette qui ma foi, avaient péché par ignorance sur le caractère des mules : je pense qu’elles étaient loin de se douter qu’au détour d’une haie vive, elles rencontreraient Mario !et que ce Mario là, surpris, prendrait peur.
Nous étions maintenant à quelques minutes de chez ALMET, ancienne entreprise où travaillait Yolande : Là, nous fûmes reçus
avec beaucoup d’attention par la direction, mais surtout par François, chargé de la sécurité et de l’hygiène, lequel dispensa les premiers soins aux blessés, nous offrit l’hospitalité afin de
nous sustenter à l’abri de la pluie qui n’avait pas manqué de s’inviter après l’épisode des joyeuses joggeuses en maillots fluos. à l'infirmerie
Durant nos différents voyages muletiers, il arrive souvent que bien malgré lui, Mario se transforme pour un instant en croquemitaine vis-à-vis des chevaux rencontrés ou croisés .Il en a été ainsi par exemple lors de notre marche vers L’hôpital Gustave Roussy à Villejuif (voir récit : de Beauval à Villejuif en
septembre 2012). le noyau dur de l'équipe :les 2 Bernard,
Yolande,Guillaume
lande du médoc,vers St Laurent
Entre Vertheuil et Saint Laurent, en pleine forêt, alors que notre petite troupe marchait paisiblement sur une allée sableuse, nous
aperçûmes sur notre droite, à environ 150m, deux magnifiques selles français tenus en longe par un piéton. Promenade matinale dans les allées de la forêt pour dégourdir les membres. Eh bien, dès
qu’ils virent ou sentirent, je ne sais, le mulet, ces deux beaux spécimens de la race équine prirent peur, se cabrèrent tirant au renard, puis faisant volte face, ils s’en retournaient au grand
galop avec multiples hennissements : tous les efforts du palefrenier pour calmer les bêtes furent vains et ce dernier dû se résoudre à lâcher très rapidement les longes pour éviter
de se blesser sévèrement. Nous étions extrêmement impressionnés par la force dégagée par ce spectacle spontané montrant la grande crainte de ces chevaux vis-à-vis d’un animal peu
ordinaire. le gars en gilet rouge ne se doutait pas un seul instant....Je
ne sais si l’homme a pu retrouver rapidement ses chevaux qui ont dû je l’espère rejoindre leur écurie, mais je dois l’avouer maintenant, à ce moment là, je n’étais pas fier et me sentais un peu
fautif ; je pressais le pas pour m’éloigner rapidement du carrefour de l’incident. Mario, quant à lui, poursuivait placidement son chemin en faisant tinter son grelot.
C’est également à l’approche du centre équestre de Bordeaux que la même magie s’opéra.
Ce lundi 16 Septembre, nous marchions sous la pluie, avec prudence sur le bas côté de la grande route en direction de notre destination finale de la journée et nous nous trouvions à plus de 300 mètres d’un pré où se trouvait un splendide cheval bai, qui à notre approche se mit à hennir, à tournoyer sur lui-même, à démarrer en galop fulgurant, à passer sur et dans les baignoires servant de réserves d’eau en faisant claquer ses sabots sur l’émail. On le voyait distinctement prendre son élan, sauter des quatre fers comme les meilleurs chevaux de l’école espagnole. Presqu’aussitôt, il se dirigeait à vive allure vers les clôtures, freinait en dernière limite, glissait dans la boue, trébuchait et s’étalait par terre, pour repartir de plus belle vers le portail haut de 1,60mètre qu’il franchissait aisément. Maintenant sur la route, .au milieu des voitures et des poids lourds, il patinait sur le goudron rendu glissant par la pluie, puis détalait au galop en direction de la rocade.
Imaginez la scène : pluie battante, phares allumés, circulation dense, freinage brusque, dérapages et glissades, voitures en travers de route, warning en détresse ; bref, une vraie scène de film catastrophe.
En toute hâte, je conduisais Mario dans le centre équestre entre deux énormes tas de paille le cachant ainsi à la vue des autres chevaux. Simultanément, Yolande et Anne, munies de leur gilet, faisaient ralentir la circulation, tandis que Bernard en zigzaguant entre les voitures, essayait de se porter à la hauteur du fugueur.
Monsieur Marin, propriétaire du centre équestre, prévenu par téléphone, arrivait très rapidement sur les lieux et pouvait ainsi diriger la manœuvre de récupération de la bête affolée.
Ainsi, tout rentrait dans l’ordre : Mario fut conduit dans un pré et le cheval craintif dans un autre, plus éloigné. Monsieur
Marin ne nous tint pas rigueur de cet incident, à tel point qu’il offrit l’hospitalité au mulet pour deux nuits. Il nous avoua même que ce Cheval, refusant de sauter depuis longtemps avait
été mis au vert dans ce paddock pour s’y reposer. Maintenant, il savait combien les progrès avaient été fulgurants et qu’il pourrait reprendre rapidement les exercices de saut.
pendant ce temps là,Mario se met à réfléchir
Redire ici qu’il faille toujours rester vigilant lorsqu’on voyage avec un mulet serait superflu, mais dire le plaisir de marcher en compagnie d’une bête aussi attachante est une évidence dès lors qu’on tient compte de son tempérament. Sans cesse, il faut négocier, encourager, accompagner, mais surtout maintenir une relation d’autorité.
En relation avec Mario, dans des situations difficiles, je me remémorais les difficiles négociations avec certains syndicats de la fonction publique, campés sur des positions protectionnistes et passéistes, pour y trouver l’inspiration vers une solution de dépassement de l’obstacle. Souvent, cette expérience professionnelle passée fut la bienvenue et me permit de déboucher sur un compromis toujours bénéfique pour nous deux.
Les fruits de l’action.
La couverture médiatique, comme on dit, a été abondante durant ce périple .Nombreux sont les quotidiens qui ont rapporté l’événement. « Rando mulet »et « l’étoile de Martin » furent mis à l’honneur par Sud Ouest, (régional et local) FR3 aquitaine, le journal du Médoc…
Cela a commencé à Blaye, où la presse écrite était présente et a bien relayé l’information en insistant sur les raisons de l’action en faveur de la recherche sur les cancers de l’enfant.
A chaque étape, les correspondants ou les journalistes de Sud Ouest étaient présents pour informer leurs lecteurs sur le passage
du mulet Mario. C’est à Vertheuil et à Saint Estèphe que la correspondante du journal du Médoc nous prépara un papier majestueux, aussi remarquable que celui paru dans
l’illustration d’octobre 1896 relatant la visite du tsar Nicolas II à Paris pour la pose de la première pierre du pont Alexandre III.
A Bordeaux, le journaliste de Sud Ouest nous photographia devant le porche du palais Rohan et une équipe de FR3 aquitaine nous suivit toute la dernière journée pour finaliser son reportage dans le soir 3.
J’espère que cette médiatisation de notre marche solidaire permettra au grand public de prendre conscience de cette maladie qui touche injustement les enfants.
Mario en fidèle camérier laïque a toujours porté la sébile aux couleurs de l’étoile de Martin, de sorte que ceux qui souhaitèrent se délester de quelques euros purent le faire aisément. Les petites pièces s’amoncelant firent tout de même un tas de 400 Euros recomptés à la fin du voyage.
Et puis, ce fut les remises de chèques ainsi que les promesses de don qui complétaient ce trésor venant ainsi porter à plus de 2000 euros la somme des fonds récoltés.
Au regard de la préparation et de la participation à une telle action, on pourrait penser que le retour sur investissement est bien mince. Il n’en est rien. Loin de nous cette équation qui ne tient compte que de paramètres uniquement comptables. Les rencontres, l’information sur les cancers pédiatriques, les prises de conscience des gens rencontrés, l’amitié, la transmission du message porté, une meilleure connaissance de cette maladie infantile : voilà ce qui compte vraiment dans le résultat final de notre marche pour soutenir la recherche sur les cancers de l’enfant.
tous
les enfants ,les maîtresses ,les parents sont
présents
les petits enfants de l'école maternelle
bitume et rails
Les enfants de l’école du Bouscat et l’arrivée à Bordeaux
Mario était très attendu par les enfants de l’école Jean Jaurès : il faut dire que les maitresses et Sabine la directrice de l’école avaient depuis longtemps préparé cette rencontre : Dessins, histoires, vidéo, trame pédagogique, contact par SMS. Toutes les classes élémentaires s’étaient déplacées à notre rencontre et nous attendaient près du pont du chemin de fer plus ou moins désaffecté. Pour l’occasion la rue était fermée à la circulation, et la police municipale veillait avec talkie walkie en main à la bonne marche des opérations. Mario, majestueux arrivait enfin devant le groupe des enfants qui criaient leur joie, tendaient leurs mains, l’interpellaient par son nom pour saisir son attention. Tout cela est merveilleux et l’émotion de chacun d’entre nous se trouve au paroxysme .Beaucoup de bonheur se dégage de cette scène et chaque visage rayonne .Les maitresses se prêtent au jeu et maintiennent leur classe au mieux malgré l’engouement et l’excitation des gamins. Mario s’arrête devant chaque enfant et passe au suivant en essayant de ne pas en oublier, se laisse caresser la tête, le museau. Chacun veut le toucher et lui porter une grande attention. Lui, il se laisse faire, impassible et à la fois impérial et participe pleinement à la fête, car il sait sûrement qu’il est encore le héros du jour.
Prudence oblige : mes compagnons de voyage se tiennent à l’arrière du mulet et veillent sur les pieds pour anticiper tout incident tant il y a de monde autour de l’animal.
Un grand moment dont beaucoup retiendront l’émerveillement de cette rencontre insolite.
Tout cet équipage chemine maintenant vers les locaux de l’école où nous attendent, sagement assis sous un arbre les petits enfants de l’école maternelle. Moment de bonheur renouvelé, où chaque petit exprime sa joie ou sa peur devant cet animal si grand qui les regarde de si haut qu’il doit leur paraître un gentil monstre féérique venu d’ailleurs .
Ce fut, je crois un fort moment de bonheur partagé. devant la mairie de Bordeaux avec l'agent
623 en faction
Le lendemain, nous traversons Bordeaux pour rejoindre sous la pluie l’hôtel de Rohan, siège de la mairie de Bordeaux. Nous
passons sous le pont d’Aquitaine, magnifique arche de béton suspendu où nous rejoignons Michel, puis Fabian, l’instituteur de Saint Germain la Rivière. Puis nous profitons de
l’engazonnement des rails du tramway pour rejoindre la place des Quinconces, puis Pey Berland. L’agent ASVP n°623 en faction devant le palais nous indique que cette entrée n’est pas autorisée aux
chevaux et qu’il nous faut passer par les jardins. Nous nous exécutons promptement et faisons le tour du pâté de maison. Là, Thierry et Régine qui ont convoyé le van nous accueillent avec chaleur
et un autre agent de sécurité nous indique l’endroit précis ou nous devons attacher le mulet durant la réception. Celle ci, présidée par Josy Reiffers ne manque pas de chaleur et de sympathie.
Adjoint au maire chargé notamment de la recherche et de l’enseignement supérieur, Monsieur Reiffers dirige également l’hôpital Bergonié, pôle régional de lutte contre le cancer. A connaître ses
compétences, je ne doute pas que cette autorité reconnue du monde hospitalier ne tienne de hautes fonctions nationales dans un futur
proche. Sabine,Professeur Reiffers,Jean et
Mario
Une trentaine de sympathisants sont présents à cette cérémonie qui se termine bien évidemment par le verre de
l’amitié. La présence de Jean louis lors de cette cérémonie nous fait chaud au cœur. une fratie bien complice(Sud Ouest 19 septembre 2013)
Cette étape Bordelaise finalise notre périple girondin placé sous les couleurs de l’étoile de Martin. Notre cœur est content .La mission est terminée : les marcheurs et accompagnateurs d’un jour ou plus sont satisfaits ; ils le témoignent dans leur regard et par leurs gestes d’amitié.
http://www.youtube.com/watch?v=xbl4lPKeB-M
Des gens
Durant cette belle marche, nous avons rencontré des gens formidables, des personnes exceptionnelles, des êtres attachants et
sympathiques .Parmi toutes ces rencontres, que dire d’Arnaud qui pendant toute la sainte journée se mit à ramasser sur les bas cotés les déchets jetés par les fenêtres des autos :
remplissant son sac poubelle à chaque foulée puis, une fois plein le lestant sur Mario !
Arnaud ramassant les ordures de automobilistes indélicats
Comment doit-on remercier Christian et son épouse pour le café de 10 heures à Arsac ? Et faut-il blâmer Françoise et Arnaud pour les huitres N°2 achetées le
dimanche sur la place d’un village ?
Qu’en est –il de l’accueil de Jeanne à Ludon ?faut-il le qualifier de généreux et d’amical ?en tout cas, il fut superbement réparateur. Et celui de Michèle et Daniel, l’homme qui parle sans s’arrêter à tel point qu’il ne peut finir les plats.
Sentir les autres, comme si nous nous connaissions de longue date, lors de la journée du patrimoine en l’église Saint Saturnin de Moulis.
Apprécier l’hospitalité de Françoise qui héberge le groupe dans son établissement médico- social.
Se rencontrer avec Patrick autour d’un champagne bien frappé.
Déguster un copieux petit déjeuner avec des bénévoles et les conseillers municipaux de la mairie de Ludon .
Être éberlué par ce paysan vraisemblablement rencontré sur les vignes du château Talbot à qui je demande ma route et qui répond :
-j’suis pas d’ici, j’suis de Pauillac (village voisin distant de 2 Km !!)
S’arrêter pour parler avec ce groupe de travailleurs saisonnier payés à la tâche, et les remercier pour leur obole spontanée.
Apprécier le geste de ces deux femmes qui nous offrent le café au bistro de Pauillac.
Savourer la présence de Marie, Isabelle, Florian, Camille.
Enfin remercier Sabine, vice présidente de « l’étoile de Martin » et son équipe de maîtresses d’école pour le transport d’âme qu’elles nous ont permis de connaître.
Nous pensons déjà à notre futur voyage muletier pour soutenir la recherche sur les cancers de l’enfant : cette fois ci, en partant de Touraine, nous irons vers l’Est, reconnaître le soleil levant.
un olibrius plutôt heureux
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