En passant par la Vendée et les Charentes avec ses sabots!1----- "Le mulet s'amuse & Bon voyage Monsieur Mario!"

Bonjour à tous,

Les 17 chapitres qui paraîtront toutes les semaines sont une compilation d'épisodes anecdotiques survenus lors de mon dernier voyage entre les Sables d'Olonne en Vendée et Saint-Quantin-de-Rançanne, en Charente-Maritime, sous les couleurs Turquoises de "l’Étoile de Martin".

Chapitre I

Mario fait le cirque.

L’avant-veille de mon départ j’ai rapatrié Mario dans le jardin paysager de la maison pour pouvoir être plus prompt le jour J et m’éviter de faire un détour de 2X13 km pour me rendre jusqu’à son pré de Basfer : la fermeture du pont de Thésée sur le Cher en est la cause et m’oblige ainsi de traverser la rivière en amont.

Installer un paddock afin qu’il ne broute pas toutes les fleurs et les branches basses des fruitiers, ramener du foin, préparer un grand seau d’eau entouré d’un pneu afin de le protéger : voilà les préparatifs indispensables pour le confort de Monsieur Mario; Je dis Monsieur Mario comme n’importe quel capitaine de navire du XVIII siècle interpellant son second devant les matelots.

«Monsieur Philippe, faites donner la voile d’artimon». Mario est très sensible à ce signe de distinction. D’ailleurs, quand il hésite à franchir un obstacle je persiste à utiliser ce titre de civilité pour lui signifier qu’il est un mulet de haute condition : Monsieur Mario accepte-t-il de franchir cet étroit pont? Oui, Monsieur Mario a réussi l’exploit de passer la passerelle : bravo Monsieur Mario. Mais vis à vis du mulet, il ne faut point trop en faire sinon il pourrait croire qu’il joue dans un cirque le rôle de Monsieur Loyal, ce qui ne lui plairait guère!

C’est bien la peine de lui donner des « Monsieur Mario »par ci et des « Monsieur Mario » par là si ce même mulet profitant de mon absence s’échappe de son paddock et s’en va piétiner à qui mieux mieux le jardin d’agrément. Cela n’est pas du tout apprécié par la gérante des lieux qui me joint par téléphone pour me faire part du désastre à grand renfort de désarrois et de colères juxtaposés .

Ne pouvant me déplacer, étant en formation Premier Secours, j’ai demandé à l’ami Pierre de venir rétablir la situation. Après une petite course narquoise laissant de grandes empreintes sur la pelouse et les plates-bandes, Mario est sagement revenu dans l’enclos. A mon retour à la maison, je n’ai point scrupule à dire que « le train était en gare », expression égrillarde pour signifier le coup de sifflet de la locomotive à vapeur annonçant la bruyante arrivée du convoi.

En fait, j’avais tout simplement omis de brancher la batterie de la clôture, offrant ainsi à Mario la liberté d’aller et de venir.

Le projet de cette randonnée.

J’avais dans l’idée de me rendre un jour chez mon beau-frère Michel avec Mario. Mon beau-frère Michel, vous ne le savez pas encore, habite depuis peu au sud de Pons en Charente-Maritime et son souhait était que je vienne à pied jusqu'à chez lui (Ben voyons!cqfd) puisqu’il a un pré contigu à son logis dont il souhaite me faire les honneurs.( je veux dire à Mario).

La ville de Pons est située à 22 km au sud-ouest de Cognac par la route. D’ailleurs les Pontois tiennent absolument que l’on dise Pons, sans prononcer le S final.

J’avais également dans l’idée d’aller saluer mon ami Guy, à Champagné-les-Marais, village situé au sud de Luçon.

Il y a 20 ans, en 2002 le gars Guy a pris soin du mulet alors que ce dernier était tout jeune, en l’hébergeant chez lui puis en lui permettant de profiter des vastes prés communaux.

J’avais aussi l’intention de marcher le long de l’océan, de voyager sur les plages et flâner dans les stations balnéaires.

Pour cela, quoi de mieux que de demander à Soizic, une amie de longue date, de me donner le top départ depuis sa villégiature proche des Sables-d’Olonne.

J’avais aussi par gourmandise le souhait de revenir et de visiter La Rochelle et Rochefort ces deux villes qui goûtent tant l’histoire de la royauté, du protestantisme, de la marine à voile et de beaucoup de curiosités aventureuses.

J’avais surtout une excellente raison de m’arrêter à Saintes chez Sabine en escomptant y déguster une succulente poêlée de cèpes.

J’avais en conséquence un certain nombre de bonnes raisons de parcourir une partie du Poitou, de l’Aunis et de la Saintonge, pays à n’en point douter le berceau de mes ancêtres lointains d’avant le XVII ° siècle, qu’ils soient compagnons du Devoir ou maîtres maçons, mais assurément hommes libres et sans attaches. Combien de patronymes français sont-ils issus d’une région, voire d’un métier ou d’un particularisme ?( Jacques Toulouse, Francis Picard, Bernard Charbonnier, Nicole Courtecuisse…) Et Mario ? Ambassadeur de la race des mules poitevines n’est-t-il pas lui aussi par sa mère le fils du vent marin de la terre et des eaux et d’un baudet du Poitou, âne reconnu pour ses dreadlocks légendaires. Cela fait beaucoup de poitevins sans compter celui qui tient la bride pour aborder un tel pays !

J’avais en outre la raison secrète de m’humidifier le cerveau en travaillant le vivant pour le sublimer et ainsi le rendre bonifié en errant avec Mario dans un cheminement graduel intemporel.

Jean, depuis Thésée-41. Fin du 1° chapitre, rendez vous la semaine prochaine...pour "L'Immanquable Préparation & La Première Surprise".