Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET

En passant par la Vendée et les Charentes avec ses sabots !4----"Un temps de gueux" "On peut les apercevoir au périscope" "J'ai vu les rest une oueille" "Le dangereux pont du Brault"

les Sables d'Olonne --- St Quantin de Rancanne

Carte sommaire de notre cheminement.

Chapitre IV

Mario, mulet poitevin devant le canal à Champagné
Naseaux au canal.

 

Résume du dernier chapitre: Arpenter les marais en regardant le ciel et les oiseaux, se faire du pied avec ses sabots ferrés, cheminer dans les grands prés marécageux.

Un temps de gueux.

C'était en 2019, sous un déluge, à colombey les 2 églises: idem, par temps de gueux.

Les étendues marécageuses s’étirent sous la pluie qui bruine avec un vent discontinu venant de l’ouest : Mario me protège et prend toutes les rafales, il est brave mon Mario! et j’ai le sentiment enfantin qu’il m’abrite des intempéries. Je crois plutôt, que pour me protéger je le mène à main gauche ou à main droite suivant les changements de direction du père Banard ou du Dalu. Maintenant, après tant et tant d’années auprès de mon arbre, je veux dire de mon mulet, je me sens complètement un rafardier de première, usant comme je le peux des qualités de mon compagnon. (Mais ici point de passant pour prendre une photo)

Dans ces moments d’octobre 2022, ceux qui utilisent sans modération leur automobile pour se rendre là où il doivent aller, se trouvent en "situation de handicap" tellement le carburant est rare et cher. Ici, par chance, dans le bas pays vendéen, Mario a bénéficié d’une ristourne importante sur son carburant préféré, l’HV ! (l’Herbe Verte). A ce régime là, c'est pas demain que Mario se trouvera en "situation de surpoids". (Qu'ils sont  beaux les éléments de langage! ils sont un mirage tellement infidèle du naturel...) 

Je suis parfois un peu surpris  combien le réel est nié. Les gens inventent ce qu'ils aimeraient devenir en se fabriquant des raisonnements, des illusions face à la réalité.

Ainsi je me souviens de cet  homme bien policé et très informé des nouveaux codes s'adressant à l'un de mes anciens collaborateurs. "Bonjour, vous êtes un non voyant qui ..."La répartie fût immédiate, brève et cinglante ."Je suis avant tout aveugle et vous remercie de ne pas tourner autour du chat..."

Comme beaucoup d'aveugles Victor avait pas mal d'humour: un chat est un chat!

Rafardier: muletier qui possède moins de 6 mules ou mulets.

 

On peut les apercevoir au périscope.

Les prés communaux.

Nous côtoyons les immensités des prés communaux qui comme vous le savez sont des étendues herbeuses et semi-marécageuses, genre les plaines au pied du Caucase. Hormis les nombreux oiseaux signalés tout à l’heure, paissent ici en toute liberté équidés, bovins et ovins, mais on peut y voir spécifiquement des mulets pour peu que depuis la plate-forme du mirador on utilise le périscope. En cette mi-octobre je ne peux trop m’attarder en batifolant car je dois rejoindre mon étape avant la nuit, qui prend la sale habitude de rogner le jour de plus en plus tôt.

 

J’ai vu les restes d’une Oueille.

 

Vers midi, dans la grisaille d’une journée sans soleil, j’ai aperçu au loin une forme étrange, un machin blanchâtre qui émerge de la foison d’herbes couchées par la bourrasque.

Mes lunettes bien mouillées sur le dehors et pleines de buée dans le dedans me jouent des tours de magie et impossible de sortir les jumelles, la pluie faisant barrage. En m’approchant au plus près, je conclus rapidement qu’il s’agit d’un amas d’os et de toison des restes d’une oueille. M’étant imprudemment aventuré dans cette pseudo tourbière, j’en ressens immédiatement les effets n’ayant pas de bottes à mes pieds. L’eau et la boue ont envahi mes chaussures qui se sont mises à faire floc-floc. Pas bon du tout comme bruissement! pas bon du tout comme sensation! pas bon du tout pour soutenir une longue marche, monsieur Tovin! Alors m’est revenu la réponse de Géronte « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? ». Je me croyais un randonneur aguerri et je ne suis qu’un bizuth s’étant fait prendre comme une bleusaille. Et bien! il va falloir poursuivre les pieds dans l’eau…Et comment il va le petit orteil, hein? il aime bien l'eau le petit orteil de monsieur Tafin?( Pivin: c'est l'un des innombrables sobriquets dont m’affublaient avec affection les patients handicapés mentaux qui ne pouvaient prononcer correctement mon nom).  Que de la béatitude! Et dire que pendant ce temps là, d’aucun regarde sur son canapé de velours gris clair « le bonheur est dans le pré ».

Mario, quant à lui est bien au sec sous sa grande bâche bleue et il fait le fier comme si…

Demain je serai à la Rochelle,et même si je ruisselle je suis heureux qu’il pleuve, on a tellement besoin de pluie ; Le bonheur dans l’adversité: j’y suis sensible et un peu fou avec mon hibou!

Oueille : sorte de zagouille, de brebis, de mouton, d’ouaille, en patois gascon et angevin . A rapprocher par extension des ouailles du pasteur ou du curé.

Le dangereux pont du Brault.

Je l'apercevais depuis longtemps, ce bougre de pont!

Avant d’arriver à Villedoux, je dois traverser la Sèvre Niortaise, ce gentil petit fleuve au lieu dit le pont du Brault. C’est un passage difficile en principe réservé aux véhicules (je ne me rappelle pas avoir vu les panneaux d'interdiction) qui sont très nombreux sur cette départementale n°9 reliant la Vendée à la Charente- Maritime et plus spécialement Luçon à La Rochelle.

De plus ce jour là, à cette heure précise un convoi exceptionnel transportant un énorme bateau s’est présenté à l’entrée du pont basculant.

Ce pont basculant, bientôt remplacé par un viaduc.

Manœuvre délicate pour le chauffeur du porte-char qui frôle les rambardes métalliques à 10 cm de chaque coté: à travers la vitre ouverte j'aperçois son visage crispé et anxieux. Bigre de bigre, je me trouve au milieu du pont, il faut faire vite sans affolement. Pour éviter de me trouver coincé par le mastodonte qui arrive lentement mais avec détermination, je pousse Mario au petit trot vers la fin de l'ouvrage. Là, nous bifurquons sur une sorte d’esplanade pour nous protéger en laissant passer le convoi ainsi que les nombreuses voitures bouchonnant derrière lui.

Et voilà les touristes qui se débouchent !

 

Le prochain chapitre à paraître la semaine prochaine: Pas d'abris bus pour Mario, bien faire et laisser braire, une halte bienfaitrice, le canal de Marans.

Jean, depuis Thésée en Loir-et-Cher.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article