RANDO MULET

Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET

1. 2. 3. Soleil : Avec le mulet Mario. Quatrième épisode.

En île de France.

En voyage avec Gérard.

Avec Arpajon nous entrons véritablement dans l’agglomération francilienne.

rencontre fortuite entre Mario et un ours de poubelle!

La journée de repos dans cette petite ville de 10.000 habitants dotée d’une très belle halle est la bienvenue. C’est Gérard qui est venu nous chercher à Étampes. Nous avons séjourné chez lui durant cette journée sans Mario lequel nous a rejoint par la magie d'une fine logistique. Il a pris par la suite ses quartiers dans le jardin de mon ami entre la Remarde et sa maison ! Reçus majestueusement, nous avons profité de la quiétude de la maisonnée et de la sérénité de Yajing son épouse. La rencontre avec un groupe d’ados a créé une bon étonnement : leurs questions étant en lien direct avec la vie active d’un mulet de bât ! Et en plus, "sel de Guérande sur le pot-au-feu" (pour ne pas dire cerise sur le...), Grâce à un ami grec de Mon hôte, mon portable me parle de nouveau en français. La sorcière de la grande forêt avait bien transformé son langage en alphabet Grec. Merci à Gérard et à son ami grec, mais il faudra bien qu'un jour je comprenne pourquoi la femme sans pied s'en est pris ainsi à mon téléphone! (voir l'épisode N° 3)

Ce même Gérard est mis à contribution pour aider à la préparation en Juin 2023 d’une variante sur le chemin de Charles Péguy entre Arpajon et Chartres.


 

Sur un chemin de contournement, rencontre fortuite sur un toit.

 

Eusébio et Polytechnique.

Le campus du plateau de Saclay

De cette longue, très longue marche entre Arpajon et Vauhallan, mes pieds s’en souviennent lontemps. Le froid, la pluie et le vent ont rudement joué avec le bitume qui domine dans ces contrées où les sentiers n’ont pas droit de cité. Deux amies m’ont rejoint sur cette portion de faubourg et c’est tant mieux car le moral n’est pas au plus haut. Après La-Ville-du-Bois nous passons au dessus du TGV et de l’A10 à Villejust.

Bonjour, nous ne mangeons que de l'herbe, carottes, pain très sec: pas de sandwich...

La circulation est intense et les routes mouillées embuent mes verres de lunettes. On se perd, on tergiverse avec le mulet complètement désemparé au milieu de ce brouillard d’automobiles qui font du bruit et qui puent pour enfin retrouver la bonne direction de l’abbaye du Limon.

Et devant l'abbaye du Limon, broute le mulet!

La traversée du RER s’effectue par un sonore souterrain alambiqué et bas de plafond, à tel point que Mario le frôle avec ses oreilles. Goguenard, il me suit « à la culotte » et sans gros stress nous ressortons de la gare de Palaiseau.

la gare de palaiseau

Le temps s’est mis au sec et il est déjà l’heure où ouvriers et employés quittent leurs chantiers et bureaux.

Alors que nous passons devant le café de la gare nous sommes fortement hélés par un gars jovial qui après avoir dit toute sa joie de voir notre équipage nous supplie d’accepter de trinquer avec lui. Ce gars là ; c’est le sympathique Eusébio, maçon portugais qui ne tarit pas d’éloge sur la  « Mula ».

Pendant que nous nous rafraîchissons, il prend tous les clients du bar à témoin pour leur dire avec force et gesticulation tout le bien qu’il pense de cet équidé. Cet intermède nous a donné du tonus avant d’entreprendre l’interminable escalier du rocher de Lozère qui mène au plateau de Saclay. Difficile exercice pour un mulet de gravir ces centaines de marches pentues.

A n'en plus finir!

Par deux fois il se retrouve à genoux, se relève et repart en ajustant ses pas à la dimension des degrés. Je me sens vite fatigué et me souvenant du proverbe « Qui aime bien ses lunettes ménage sa monture », non, je veux bien sûr dire « Qui veut voyager loin ménage sa monture », je pratique la pause intermédiaire qui nous permet de reprendre souffle.

interminable montée par un escalier vertigineux

Sur le plateau de Saclay, les grandes écoles sont toutes là. Ici, tout est immense. Les étudiants fourmillent.

Les bus s’arrêtent ; des jeunes et des « humains » d’âge mur s’y entassent.

Le campus est encore en construction, de nouvelles unités futuristes s’érigent grâce aux nombreuses grues. Très impressionné, j’essaye de deviner à leur tête quels sont les étudiants d’X, d’Agro, des Mines, et ceux qui fréquentent les entreprises et les centres de recherche publics et privés. Humblement, je me dis que nous sommes bien loin du Loir-et-Cher de Michel Delpech.

Bien loin du Loir-et-Cher? Et pourtant elle est là!

Le vertige de la démesure m’a sonné un instant, et je repense à Eusébio !

 

Mario dans les choux.

En arrivant à l’abbaye Saint-Louis-du-Temple, Sœur Anne-Sabine m’a indiqué l’endroit où doit dormir Mario. En Cette fin d’après midi particulièrement frileuse et venteuse, je me dépêche d’installer l’enclos de Mario derrière les garages avant de rejoindre le réfectoire pour 19 heures. La sœur hôtelière a bien fait les choses et se trouve en harmonie avec la froidure de cette journée, car un grand bol de soupe fumante et odorante m’attend sur la table en Formica des années 50.

Je profite de l’absence de cette chère sœur pour me servir une bonne rasade de vin rouge afin de faire « le coup du médecin », mais devant l’amertume du breuvage je choisis de faire chabrot. Quel délice et surtout cela me revigore à la façon de mon grand-père Henri qui s’en barbouillait la barbe et la moustache à moins qu’Antoinette ne l’invective. C’est un peu lointain , mais je me souviens de leur code pour lui indiquer discrètement lorsque sa pilosité était porteuse de vestiges alimentaires ; Elle trouvait alors un prétexte et disait par exemple « Henri, te souviens-tu de ce jockey qui montait si bien à cheval » ou encore « Pour nous rendre demain à la retraite aux flambeaux , nous irons à Pied ».

Et cela signifiait tout simplement essuie toi la moustache( à cheval) ou la barbe(à pied).

Bref, après un bon repas de moniales, arrosé sans modération à la manière de frère Tuck moine-compagnon de Robin des bois, je dois bien l’avouer je m’endormais rapidement d’un profond sommeil.

 

la cloche du monastère vient juste de sonner les Laudes quand on frappe énergiquement à la porte de la chambre « Votre âne est dans le potager !!! » Houlah, houlalah! Bigre de bigre ! bien vite s’habiller car je ne peux me permettre de croiser une sœurette, une nonnette, en pareille tenue de saut du lit.

ma chambre à l'abbaye.

Descendre à toute berzingue jusqu’à la cours, contourner la bâtisse, chercher dans l’aurore naissante la forme sombre de l’olibrius, l’apercevoir, m’approcher calmement , défaire ma ceinture pour m’en servir de licol et reconduire le phénomène dans ce qui n’est plus un enclos en l’attachant à la grille du parc...et constater les dégâts :

AVANT

un beau carnage, une véritable repas pantagruélique de carottes, de salades et autres légumes de choix élevés avec amour par les laborieuses moniales bénédictines.

APRES

 

Mario s’est rarement échappé de son enclos électrifié ; et lorsque cela s’est produit il y avait toujours une bonne raison. A Cornebarrieu, chez Franiou, un gros orage et de puissants éclairs ont fait voler la clôture par dessus les arbres, à Méry-ès-Bois c’est un kangourou qui a joué à saute-mulet, le faisant détaler à plus de 3 km, ou encore dans un village de Corrèze sur le GR 46 où des gosses d’un HLM se sont amusés à enlever quelques piquets de la clôture, me laissant dans une nuit noire sans Mario mais en compagnie de la Maréchaussée alertée par les villageois voyant divaguer « un âne de grande taille ».

 

Aujourd’hui, vu l’état de la clôture installée la veille dans le parc de l’ermitage, j’en ai vite conclu qu’un affolement intense s’est produit cette nuit là suite à la probable visite d’un sanglier voire d’une harde. Lorsque l’on connaît la crainte du mulet face à la vue, l’odeur et les grognements des sangliers, on comprend bien l’effroi et la panique qui se sont emparés de Mario.

Confus par ce fâcheux épisode, j’ai proposé aux Bénédictines un dédommagement face aux pertes potagères, mais dans un grand élan de miséricorde elles m’ont absous me disant « Allez en paix, allez votre chemin, Dieu y pourvoira ! »

Allez votre chemin.

 

La maison Saint Vincent.

Véritable havre de paix dans un monde en turbulence la maison Saint Vincent se situe à proximité de la Roseraie de l’hay-les-Roses que nous avons longée par l’ouest en empruntant une variante du GR 11.

plaque commémorative.

Ce lieu d’accueil est tenu par les sœurs de la charité.

C'est dans l'esprit du Fondateur Vincent de Paul que sont accueillis dans un magnifique parc des groupes très divers, qui viennent vivre des temps forts de rencontres, retraites, journées de réflexion. Le directeur de cette maison très touché par le message que nous véhiculons nous a offert un logement indépendant et le dîner dans le grand réfectoire.

Un mulet en odeur de sainteté dans le parc.

Mario, installé dans le parc, a j’en suis sûr, troublé la quiétude des personnes en récollection spirituelle. Instruits par cette rencontre insolite ces retraitants se rendront peut-être demain dans une abbaye inspirée par François d’assise ?

 

            Jean, près du parc de BASFER , nous étions le 1° Avril 2022

A SUIVRE PROCHAINEMENT sur votre écran.

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C
Bonjour Jean, et tu ne m'as pas dit que tu venais à Arpajon ? vivement le mois de juin alors ! j'espère rencontrer rapidement Gérard pour en parler ! des bisous ! claire
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