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Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET

1, 2, 3, Soleil : avec le mulet Mario. Première partie.

 

Aller au but.

 

Dans ma pension d’alors, nous jouions surtout aux billes, aux osselets, aux échasses, au béret ou à la balle. Je ne me souviens plus avoir joué à ce : 1. 2. 3 soleil ,mais je me remémore, maintenant que j’y pense, avoir bien souvent observé d’autres enfants dans les cours de récréation. Ce jeu qui demande de la concentration, de la rapidité, de l’agilité mais aussi de l’équilibre surfe sur une incommensurable envie de gagner, d’aller au but.

La dernière balade, celle vers Paris n’a pas été simple et j’avais 3 soleils à atteindre en essayant ,comme dans le jeu des gosses des cours de récré, de me figer puis d’accélérer pour enfin les atteindre.

Mes 3 soleils à moi, durant cette marche sont : Le centre pénitentiaire de Paris-la-Santé, L’institut Curie et les Invalides . Je comptais bien y aller sans me retourner en faisant mon chemin !

 

 

Et 1 jambon beurre, 1. Pour Mario !

 

La journée est radieuse et le public nombreux se presse dans les allées bordées de stands de vente de produits de jardin et de plantes dans ce merveilleux parc du château de Cheverny. Mario se tient bien campé dans sa clôture, attentif à tous les passants, badauds, acheteurs passionnés. La foule est aussi dense que hier et en ce bô-dimanche les papas et mamans font une sortie post Covid avec les enfants. Mario n’en peut plus de se faire caresser le museau et il se sent à la fête. Tout est bien et je me dis qu’une bonne nuit de sommeil viendra compenser nos efforts conjoints pour être au top dans cette situation si statique et ingrate durant ces 48 heures.

le stand

Un de mes voisins de stand vient souvent faire une caresse à Mario, en m’assurant de son amour pour les animaux. En début de l’après midi il m’a proposé de lui donner du pain, ce que j’ai évidemment refusé, lui expliquant que le pain n’est pas bon pour les équidés surtout quand il est frais et donné en grande quantité : cela peut conduire à une obstruction œsophagienne, voire à des coliques. Très occupé par les nombreux enfants qui parlent, caressent et cajolent Mario je n’ai pas vu mon vendeur de voisin mettre dans la bouche du mulet le sandwich au jambon beurre, j’ai seulement vu mon Mario finir avec délectation ce menu offert par ce zigoto marchand de sirop à la grenade ayant parait-il des vertus et des bienfaits sur la santé des humains.

Trop tard pour intervenir. Mario, comme tous les équidés ne sait pas vomir. Je me fâche alors contre ce bonhomme qui me dit qu’il ne le fera plus et il s’en retourne piteux vers son stand rouge comme la pomme que la méchante sorcière offrit Blanche Neige. Comble des contes de Perrault, le voilà qui revient peu de temps après avec une écuelle remplie de sirop de grenade et avant que je puisse intervenir en laisse profiter abondamment Mario qui s’en gave à s’en gorger les babines.

S’en est trop, je me précipite vers lui, je retire la gamelle de la bouche de Mario et me fâchant pour de vrai je dis à ce sournois voisin ce que je pense de lui et de son comportement mortifère. « Ce que vous avez fait là est ignoble et dangereux, cet animal peut présenter des troubles qui peuvent être fatals » « Je m’excuse , je ne recommencerai pas, je ne savais pas : la grenade, c’est bon pour la santé... »

Ce qui devait arriver, arriva et vers 16 heures Mario se couche, la tête tombe sur le sol, les yeux mi-clos, il ne pressente plus aucun intérêt pour les enfants et mes sollicitations.

mulet couché
Comme il y a 13 ans: Archi Kaput.

Que faire ? Je suis désemparé et Mario n’est plus tout à fait le même. J’entends son ventre gargouiller et grincer. La forte colle du sirop a fait l’amalgame avec le jambon beurre en cimentant le tout. Que faire ? Je l’oblige et le convainc à se lever pour marcher quelques pas dans les allées non fréquentées par le public, puis de retour au stand où il se recouche.

mulet couché
Mario et sa grande fatigue à la fête des plantes en mars 2022

Heureusement vers 19 heures il accepte de monter dans le van le conduisant chez Martine et Hubert ou il peut se reposer dans le silence de leur grand jardin. Toute la nuit je suis resté attentif au moindre signe d’amélioration, me disant que mon voyage vers Paris le lendemain est compromis et les pires idées me traversent l’esprit dans cette nuit de cauchemar.

Vers 6 heures au matin, je le vois debout près de la bambouseraie, il broute du bout des lèvres et me regarde dès qu’il me sent venir. D’un pas lourd il vient vers moi, se campe, cintre son dos, lève la queue et dans un grand bruit de gargouillis éjecte un volumineux crottin magmatique pâteux et pestilentiel à deux mètres de distance. Ça y est, il est libéré, le sortilège du triste gonze est sorti comme par magie et les sept nains et Charles Perrault n’ont plus qu’à se réjouir.

Le pauvre animal malgré le sandwich et le jus de grenade du malfaisant voisin de stand, a réussi à vaincre la malédiction. Il n’a pas glacé son sang, ni arrêté son souffle, n’a pas fermé ses yeux mais a surmonté avec bonheur cette infortune, comme le phénix.

 

Il y a des gens qui racontent leur vie !

Oui, il existe des gens comme ça. Il y a ceux qui ont fait la Croatie en camping-car ou les villages d’Alsace en car climatisé et qui sous prétexte d’une invitation apéro vous « bassinent »avec leur «tripotée» de photos que vous êtes quasi obligé de regarder jusqu’à plus soif en écoutant les commentaires de vos hôtes : « là, nous sommes à tel endroit et blablabla...Ici,c’est Nicole devant les géraniums de la mairie de Eguisheim...  ». Les photos de vacances ça n’intéressent que les preneurs de clichés.

Chacun de ces aventuriers veut montrer sa performance, son roman, son exploit, et ainsi exister aux yeux des autres pour paraître afin de devenir un être à par entière en construisant sa légende… en voiture climatisée ou en charter lowcost.

Je crains fort ne pas me différencier de ces explorateurs de l’impossible en vous accablant de mes récits de voyage, car je sais bien que les souvenirs de voyage « emmerdent » les autres. J’en ai une preuve certaine depuis qu’une amie à qui je demandais si elle avait lu mon dernier article m’a répondu très gentiment que « ce que tu racontes, c’est constamment la même chose, ce sont toujours les mêmes histoires et de toutes façons je ne lis jamais jusqu’au bout ta prose qui est toujours trop longue et comme beaucoup de tes abonnés je préfère regarder les images ». Et vlan ! Prends ça dans la tronche ! Et vlan, respire à fond avec ton égo ! Depuis ce verdict, j’avoue ne plus utiliser de mouchoirs en tissu mais avoir opté pour les kleenex : j’ai beaucoup moins de scrupule à les jeter après usage : CQFD !

Mon amie a sûrement raison mais cela ne m’empêche pas de poursuive mes récits lesquels participent peu ou prou à une sorte de thérapie, car après avoir vécu spontanément, par l’intérieur avec parfois une souffrance acceptée, une pérégrination vers je ne sais quel Graal ou Gnose, il me plaît de la revivre par l’extérieur pour la consommer différemment et éventuellement la faire partager à ceux qui le souhaitent. La réalité du voyage devient fiction, ainsi l’avant et l’après transforme le réel !

Oui, je me méfie des écrivains voyageurs contemporains, qu’ils soient casse-cou, hâbleur, académicien, médecin ou simplement découvreur de contrées. Il y a ceux qui nous font la morale à 3 balles, ceux qui nous assènent de maximes sentencieuses, ceux qui sont auto-suffisant et ceux qui aiment peindre les autres et les lieux , ceux qui aiment la liberté, ceux qui aiment le vent , la pluie et surtout les hommes.

la plaine sur les bords de loire: la liberté en sorte!

Mon amie a encore raison dans sa sentence, et n’est pas Pierre Loti ou Patrick Leigh Fermor qui veut !

Et puis, et puis il y a Mario qui m’aide si bien à transcender l’ineffable, comme à la manière de jacques Brel. « Et puis, Et puis, Et puis y'a Frida! Qu'est belle comme un soleil! Et qui m'aime pareil... ».

mulet bâté en chemin
en chemin vers...

De telle sorte que je continue de narrer ! en marchant.
 

Jean, du pré de Basfer.

LA SUITE PROCHAINEMENT...

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M
De tes histoires de randonnée aux rencontres improbables racontées avec humour, que de plaisir à te lire ! MM
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S
Mais oui bien sûr, continue de nous enchanter avec tes récits.<br /> Une fan inconditionnelle,<br /> Sandrine
Répondre
R
Merci Sandrine de ce doux commentaire