Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET
Ce juron familier de Henri IV m'est revenu ce matin là, alors que nous traversions Henrichemont grand village situé dans le département du Cher entre Bourges et Sancerre. La traversée de ce bourg est aisée tant son urbanisme est réglé au cordeau. La ville forme un carré et autour d'une place centrale s'articulent 4 rues perpendiculaires à chaque coté ainsi que 4 rues partants en diagonales à chaque coin.
C'est Maximilien de Béthune ,duc de Sully, fameux ministre du roi Henri IV qui entreprend la construction de la ville en l'honneur de son roi: Henrichemont n'est autre que ''mon-cher-henri''.
Partis de bon matin, nous nous rendions avec les petits, au château de Guédelon: un château fort''neuf"en construction depuis 1997. Ce chantier archéologique expérimental nous installe vers l'an 1200 en plein moyen âge en retrouvant les techniques de construction des châteaux forts. Nous nous sommes intéressés avec la visite guidée
à l'utilisation des matériaux et au travail des artisans: maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, carriers, tuiliers, cordiers, bûcherons, forgerons et bien d'autres métiers nécessaire à l'élévation du monument.
Tout comme pour la reconstruction à Rochefort de la frégate Hermione, navire, qui, en 1780, permit à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance,face aux tuniques rouges, l'aventure Guédeloniène du 21°siècle s'est déroulée avec des techniques et outils anciens. Formidable challenge absolument nécessaire parce qu'on a besoin aujourd’hui plus que hier,de mémoire pour construire l'avenir.
Les petits ont apprécié la sortie mais regretté la longueur de la route « c'est quand qu'on arrive ? »
Je crois bien que c'est à ce moment là que j'ai juré à voix basse; « Jarnicoton et ventre saint Gris ! »
Des nouvelles de Mario le mulet ? Il va bien mais reste toujours tristounet, je ne dirais pas mélancolique, en l'absence de sa copine l’ânesse Daisy. Je m'efforce de venir le voir le plus possible, le trouvant souvent près de la porte de la pâture attendant avec une infinie patience que le maître vienne. Dès qu'il voit, entend ou sent la voiture il se met à danser sur un antérieur puis sur un autre en hochant la tête ,voire en dodelinant du bonnet. A mon approche, il se fait plus pressant, s'approchant jusqu'à frôler la clôture électrique. A ce moment là et durant de longs moments il imite avec brio le hennissement et le braiment de ses parents pour me signifier un contentement en me demandant de répondre. M'assurant que nous sommes seuls, afin d'éviter de surprendre d'éventuels spectateurs, je lui réponds par les mêmes borborygmes pour lui signifier notre emphase. Là, se joue une sorte de rituel; des pas de coté (un peu comme au cadre noir,un peu seulement !),un retour en arrière, à la façon « je t'ai trop attendu, alors je m'en vais ,je fais demi tour », puis un retour sur lui même pour revenir vers moi en baissant le cou pour faciliter la pose du licol.
A nouveau il redouble de balbutiements sonores pour maintenant me signifier qu'une ration de concassés lui ferait le plus grand bien. Alors ,peut seulement commencer le curage des sabots, le pansage et les diverses vérifications d'usage.
Nous sommes passés à l'heure d'hiver et le mauvais temps s'étant installé,cela ne facilite pas les petites balades d'autant que les chasseurs sont maintenant en action: il faut être vigilant et choisir son parcours avec discernement : plaine ou forêt et assurément horaires du matin.
Mario, mulet d'exception bien connu des enfants qu'il rencontre lors de ses voyages pour lutter contre les cancers des enfants se repose maintenant dans son pré de Basfer.
Dans quelques jours, Bruno le maréchal ferrant viendra le déferrer pour la saison d'hiver.
Jean en novembre 2019