Récits de voyages et randonnées diverses avec un mulet:UN VRAI MULET
Cette newsletter a pris l’habitude de vous donner des nouvelles de Mario le mulet.
Tout comme les meilleurs châteaux du Bordelais, Mario fait partie des grands crus d’exception. C’est un animal rare. Pensez donc, on estime la production annuelle de ce type de mulets et de mules poitevines à une petite vingtaine. Autrefois, la production de mulets allait « bon train »tant pour la guerre, l’agriculture ou le portage.
C’est un animal hybride issu du croisement d’un âne et d’une jument, plus exactement entre le baudet du Poitou et la jument Trait Poitevin (dite mulassière).Cela donne effectivement des mules ou mulets exceptionnels et de grandes tailles. Ainsi Mario mesure 1,67m au garrot et pèse suivant les périodes de repos ou d’activité entre 650 et 700 kg.
Il y a peu de vrais animaux hybrides .Les plus connus : mulet, bardot, canard mulard et bien d’autres espèces qui ne servent à rien comme le zébrâne ! C’est dans les légendes ou la mythologie grecque que l’on retrouve le plus d’animaux hybrides. Parmi eux : les centaures, et autres chimères, gorgones, minotaures, sphinx …
La lignée de cette micro-cuvée mulassière, si l’on peut dire, a été en partie élevée par mes soins, mais aussi avec, entre autres, l’aide nécessaire et appréciée d’une « psychothérapie mulassière» opportune et appropriée! Avec force et vigueur, mais aussi avec douceur et fermeté : Mario ne fait plus que rarement sa tête de mule ! Bien que… Bien que…En tout cas, je ne peux lui faire faire ce qu’il estime dangereux pour lui. Il faut donc souvent composer et négocier, mais ne vous y trompez pas, avec cet animal-là, point de démocratie déficiente : il aime et réclame l’ordre, le commandement et recherche en tout point la hiérarchie en la respectant toujours à condition que le dominant se montre juste dans ses demandes.
Elevé et issu d’un terroir privilégié où il fait bon vivre, cet animal jouit de toutes les supériorités que son origine permet : résistance, force, intelligence, élégance maladroite, frugalité, pugnacité. Cela lui assure l’équilibre parfait entre puissance et souplesse. L’atavisme de sa souche et la race de son géniteur se combinent dans une harmonie digne des plus fameux équidés, même s’il use parfois d’une moquerie inattendue.
A propos de ses qualités, ne dit-on pas que « le mulet marche comme un cheval, qu’il tire comme un bœuf et qu’il mange comme un âne ! »
Dans les éboulis.Seulement,à moitié mort.
A propos de sa résistance, ne dit-on pas encore que « le mulet ne tombe malade que pour mourir ».Nous avons, Yolande, Bernard et moi vérifié cet adage lorsqu’en grande randonnée dans le Cantal, Mario a dévissé d’un étroit chemin muletier parsemé de rochers rongés par une neige molle. Grand moment de frayeur lorsqu’il est venu s’écraser 15 mètres plus bas dans un tumulte d’éboulis qui le recouvrirent à moitié. Immobile pendant près de 10 minutes nous l’avons cru mort. Mais d’un brusque bond, il se débarrassa des blocs de rochers venus atterrir sur lui et se mit debout, à notre grand soulagement. Rien de cassé, ni dedans ni dehors : ce ne fut pas le triste jour ! Nous étions soulagés : le « Mario » n’était ni malade, ni pressé de mourir !
De la silhouette de la mule poitevine et donc aussi du mulet de même race, on peut dire qu’elle est plutôt dégingandée : haut sur pied, de grandes oreilles, une croupe biseautée, des genoux valgums aux postérieurs, une grosse tête et des yeux en amande bordés de poils de la couleur chocolat. Rien ne manque à cet animal pour attirer le regard du passant qui passe ! Parfois, il se fige avec un regard pénétrant l’horizon. Ce faux air d’intellectuel convaincu de sa supériorité lui va très bien. C’est à se demander s’il n’a pas un don de mimétisme vis-à-vis de quelques personnages rencontrés ici et là. Certains m’ont affirmé au contraire qu’il réfléchissait. Pour ma part, je pense qu’il fait semblant d’être le mulet intello qu’il rêve d’être ! Sacré Mario, une vraie fable…
C’est bien vrai que Mario a les jarrets clos à la manière des genoux de bœuf. Sa robe est noir pangaré avec ici et là 7 petites taches blanches. Avec l’âge et le port du bât quelques blancheurs des poils commencent à apparaître. Dès le mois de novembre les poils d’hiver donnent une toison fournie et dense et la couleur se transforme davantage en bai brun charbonné. La queue de Mario est plutôt noire et abondante à la différence de celle des ânes qui est comme une ficelle. Sa crinière que je laisse longue est épaisse. Autre particularité de ce cher Mario : il a ce qu’on appelle un « museau de renard »c’est-à-dire de couleur orangée.
Je ne sais pas quel est le cri du mulet .J’ai interrogé les plus grands linguistes français qui n’ont pas su répondre ou ne m’ont pas répondu. Pour ma part je remarque que Mario braille comme une corne de brume sans appuyer sur le hi « de Hihan » et hennit en douceur lorsqu’il réclame une faveur ou bien se réjouit de l’une de ses facéties ou de ses moqueries. Du reste, il m’arrive fréquemment mais en cachette de communiquer avec lui en utilisant les mêmes onomatopées, cris, gargouillis ou balbutiements grotesques. D’ailleurs, nous avons avec Mario bien d’autres modes d’expression relationnels que je vous livrerai volontiers s’il me le permet.
Jean, du pré de BASFER en mai 2016
A m'en tordre de rire et à me rouler par terre!
byp 27/05/2016 22:45
buffe françoise 25/05/2016 23:00
Gérald 25/05/2016 18:36
randomulet 27/05/2016 19:23
Monique Valentin 25/05/2016 17:21
Monique Valentin 25/05/2016 17:20